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lundi 26 avril 2010

Traduction française de l'Appel pour une Internationale socialiste participative

Mise à jour 08/09/2010 : la traduction française, avec quelques corrections suite à des relectures par rapport à la version présentée ici, est désormais en ligne sur la page officielle de l’appel.

Peut-être n’avez-vous pas entendu parler de l’appel pour une Internationale socialiste participative, initiative lancée par le site Z Communications. ZCom et ses dérivés (ZNet, ZMag, ZSpace…) est un site assez étroitement lié à des mouvements libertaires nord-américains dans la mouvance de Noam Chomsky ou de Michael Albert (l’auteur du très intéressant Après le capitalisme.

Le but de l’appel est d’initier une réflexion et éventuellement un mouvement pour la constitution d’une nouvelle Internationale dont l’objectif serait d’aider à coordonner au niveau mondial des organisations, associations, projets partageant un certain nombre de valeurs et d’objectifs, en gros la lutte contre toutes les formes non fondées de pouvoir ou de domination (ce qui comprend les dominations liées à la classe sociale, au genre, à l’âge, à l’orientation sexuelle, à l’origine, à la religion, etc.).

Cet appel constitue un premier pas, une manière de se compter et d’initier, peut-être un semblant de quelque chose à partir des personnes qui ont indiqué le soutenir (un peu moins de 2000 à l’heure où j’écris).

Je viens de tenter de traduire le texte en français afin de le rendre un peu plus accessible. Comme ça n’est pas forcément une tréaduction aisée, en tous cas qui pose pas mal de questions sur des subtilités sémantiques ou des notions relativement spécifique au contexte anglo-saxon, je serais très preneur de relectures et de remarques éventuelles. Donc n’hésitez pas ! :-)

Voici le texte de la traduction :

Nous, soussignés, approuvons et soutenons l’idée d’une nouvelle Internationale et préconisons que sa création comporte l’évaluation, l’approfondissement, l’amélioration et enfin la mise en oeuvre, parmi la liste de points suivants, de l’ensemble de ceux que les participants à l’Internationale auront ensemble jugé utiles et nécessaires :

1. Une nouvelle Internationale devrait en priorité s’occuper, au minimum, des questions suivantes :

  • la production économique, la consommation, et la répartition, ce qui inclut les relations entre classes sociales
  • les relations familiales, la socialisation, le travail domestique et la procréation, ce qui inclut les questions de genre, de sexualité et d’âge
  • les relations entre communautés culturelles, ce qui inclut les questions de «race», de nationalité et de religion
  • le pouvoir et la politique, ce qui inclut les questions du droit et des législations
  • les relations internationales, ce qui inclut l’entraide, les échanges, et l’immigration
  • l’écologie, ce qui inclut les relations avec notre environnement naturel et les autres espèces

La nouvelle Internationale doit aborder l’ensemble de ces questions sans en considérer certaines plus importantes que d’autres, puisque (a) elles auront toutes un effet décisif sur les caractéristiques d’une nouvelle société, (b) omettre l’une d’entre elles pourrait anéantir les efforts pour créer une nouvelle société, et (c) les groupes les plus directement concernés seraient durement exclus si les questions qui les touchent étaient considérées comme d’importance secondaire.

2. Notre vision d’un avenir socialiste participatif inclut, au minimum, les objectifs suivants :

  • la production économique, le consommation et la répartition des richesses doit aboutir à une société sans classes, ce qui inclut un accès équitable pour tous à une éducation de qualité, à la sécurité sociale, à la nourriture, à l’eau, à la santé, au logement, à un travail digne et porteur de sens, et aux outils et conditions permettant l’épanouissement personnel
  • les relations familiales, les rapports de genre et la sexualité ne doivent privilégier aucun groupe par rapport à un autre et ce quels que soient l’âge, le genre ou l’orientation sexuelle, ce qui inclut la fin de toute forme d’oppressions envers les femmes tout en garantissant l’attention nécessaire aux enfants, l’accès aux soins médicaux et aux loisirs, etc.
  • les relations entre communautés culturelles, ethniques ou religieuses doivent protéger les droits et l’identité de chacune d’entre elles tout en garantissant un respect mutuel, ce qui inclut la fin de toutes les structures racistes, ethnocentriques ou sectaires, tout en assurant simultanément la prospérité et les droits des peuples indigènes
  • la prise de décision politique, le règlement des conflits et la mise en oeuvre de projets collectifs doit donner «le pouvoir au peuple» sans qu’aucun groupe ou communauté ne soit privilégié, ce qui inclut une participation égale et la justice pour tous
  • le commerce, les communications et autres modalités d’échanges internationaux doivent aboutir à la paix et à la justice tout en éliminant tous les vestiges du colonialisme et de l’impérialisme, ce qui inclut l’annulation de la dette des pays du Sud et la reconstruction de règles et de relations internationales pour aller vers une communauté de nations équitable et juste
  • les choix écologiques doivent être non seulement viables, mais aussi prendre soin de l’environnement en accord avec nos plus hautes aspirations pour nous-mêmes et pour notre planète, ce qui inclut une réelle justice face aux évolutions climatique et une recherche de l’innovation dans le domaine de l’énergie

3. Les principes et valeurs qui guident les débats internes à l’Internationale en termes de programme et de stratégie doivent s’appuyer au minimum sur les valeurs fondamentales suivantes. Ceci implique notamment que la structure de l’organisation doit être pensée pour incarner au mieux ces valeurs dès à présent :

  • la solidarité, pour aider à la coordination, l’aide mutuelle et le succès collectif de mouvements et projets partout dans le monde
  • la diversité, pour encourager l’innovation et la créativité, respecter les différences d’opinion, et reconnaître que certaines idées minoritaires pouvant paraître déplacées ou inapplicables aujourd’hui peuvent s’avérer avant-gardistes demain
  • l’équité, pour aboutir à une répartition juste des revenus et de la richesse
  • la paix et la justice, pour garantir l’équité entre nations et des relations internationales constructives
  • une écologie viable et respectueuse, pour garantir la survie de notre espèce et améliorer les interactions avec notre milieu et les autres espèces
  • s’inspirer des concepts de «démocratie», de «pouvoir au peuple», de «démocratie participative» et d’«autogestion», pour permettre une participation et une influence équitables pour tous dans les prises de décision

4. Une Internationale doit être plus que la simple somme de ses membres, et doit rejeter l’idée d’une seule ligne de pensée qui résumerait tous les points de vue en un modèle unique. Pour cela elle doit :

  • inclure et approuver des «courants» en tant que porteurs de points de vue différents, pour éviter le sectarisme et aider au développement de l’organisation
  • établir que chaque courant doit respecter les intentions des autres courants, à partir du moment où celles-ci sont des intentions de fond (politiques et idéologiques) et n’ont pas d’autres motivations ; mener des débats de fond qui constituent un élément important du projet global
  • offrir à chaque courant les moyens de débattre ouvertement avec les autres courants pour essayer de faire émerger de nouvelles idées politiques et de nouveaux programmes
  • garantir que temps qu’un courant accepte les principes de base de l’Internationale et opère en accord avec ses règles et ses méthodes, ses positions minoritaires auront l’espace nécessaire non seulement pour s’exprimer mais aussi pour continuer à développer ses point de vue afin de prouver leur valeur ou, au contraire, de découvrir leur inadéquation

5. Les membres de la nouvelle Internationale pourront être des partis politiques, mouvements, organisations, ou même des projets, selon les règles suivantes :

  • les membres, employés et personnels de chaque organisation membre de l’Internationale deviendraient à leur tour membres de l’Internationale
  • les individus souhaitant rejoindre l’Internationale devraient obligatoirement le faire en rejoignant une des organisations membres
  • chaque organisation membre maintiendrait son propre agenda pour ses activités et l’Internationale n’aurait aucun droit de regard sur ce dernier
  • dans le même temps, chaque organisation membre serait fortement incitée à coordonner ses activités avec les normes, pratiques et agendas de l’Internationale, afin de mettre en oeuvre solidarité et autonomie
  • les organisations membres seraient de tailles variées, mais puisque les décisions de l’Internationale ne contraignent pas les organisations membres en dehors de l’agenda collectif de l’Internationale, un processus de prise de décision adéquat pourrait être le suivant : discussions et explorations approfondies ; sondages informels auprès de l’ensemble des membres pour évaluer les différentes tendances ; améliorations et nouvelles propositions pour obtenir un soutien plus large ; vote final des organisations membres.

6. Les actions et activités choisies par une nouvelle Internationale seront évidemment fonction du contexte et de la volonté des ses membres. On peut cependant citer à titre d’exemple :

  • une nouvelle Internationale pourrait appeler à des évenements internationaux et à des journées de protestation, pour soutenir des luttes menées par des organisations membres, pour aider ces organisations face à la répression, pour s’impliquer dans des débats et faire avancer compréhension et savoirs mutuels
  • de manière plus ambitieuse, une Internationale pourrait aussi s’engager, par exemple, dans une campagne internationale massive concernant l’immigration, pour mettre fin à une guerre, pour réduire la durée de travail hebdomadaire au niveau mondial, ou pour éviter une catastrophe climatique, entre autre possibilités. Elle pourrait préparer du matériel, s’impliquer dans des campagnes d’éducation et de sensibilisation, mener des actions, inciter à des boycotts, soutenir des initiatives locales, etc.
  • il appartiendrait à chaque organisation membre de décider comment elle se positionne par rapport au programme général de l’Internationale, cependant il y aurait une incitation collective forte pour que chaque organisation membre participe et contribue du mieux qu’elle peut dans des campagnes et projets collectifs. Une des raisons d’être évidentes d’une Internationale est en effet d’aider les organisations, mouvements et projets de par le monde à sortir de l’isolement en prenant part à un processus plus large abordant des thématiques multiples avec la volonté de mettre en oeuvre collectivement des actions et des efforts partagés.

mardi 21 mars 2006

Quelques réflexions sur le concept d’égalité

Ce texte se veut une participation à l’appel à contribution lancé par le collectif Les mots sont importants sur le thème Qu’est-ce que l’égalité ; il vient d'ailleurs d'être publié sur leur site. Il s’appuie sur des convictions personnelles plus que sur de nombreux auteurs ou références. Il se place dans une perspective qui n’est ni pragmatique ni réaliste mais délibérément utopique. Enfin, il repose sur deux idées principales : l’égalité est une valeur fondamentale et un principe directeur de l’action humaine ; elle n’a de sens réel que si elle se concrétise par une égalité de fait.

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vendredi 27 août 2004

Utopie

On a souvent tendance à se dire ces temps-ci que le discours de "la seule politique possible" commence à nous étouffer sérieusement et qu'un peu d'utopie ne ferait pas de mal. Bon, ben y'a qu'à s'y mettre, après tout...

Partons d'un constat simple. Imaginons que le PDG de Renault (pour en prendre un au hasard) travaille trois jours par semaine en tant que PDG de sa boîte, mais passe les deux jours suivants comme ouvrier à la chaîne "de base" dans une de ses usines (avec la rémunération qui va de pair pour ces deux journées). Ceci n'est qu'un exemple, on pourrait aussi mettre le directeur de France Telecom opérateur dans un central d'appels ou celui de Bouygues manoeuvre sur un chantier, les idées réjouissantes ne manquent pas. Ne pensez-vous pas que ces fringants PDG sans doute membres du Medef auraient rapidement envie :

  • de repenser les conditions de travail dans leur entreprise
  • de réévaluer quelque peu le salaire de leurs employés ?

On pourrait de manière plus générale imaginer un brassage professionnel qui toucherait l'ensemble de la population. Chacun passerait la moitié de la semaine dans un travail "qualifié" (ce qui n'est surtout pas synonyme "d'intellectuel") et l'autre moitié dans un travail plus difficile en termes de répétitivité, de dangerosité ou d'exigences physiques. On peut imaginer de très nombreuses vertus à un système de la sorte, en particulier en termes de solidarité et de cohésion sociales (il y aurait sans doute plus de monde dans les manifs), de disparités salariales (ça entraînerait un nivellement par le milieu) ou d'espérances de vie, d'amélioration des conditions de travail, de lutte contre l'aspect symbolique et culturel de la domination sociale, etc.

Bien sûr, la mise en oeuvre pratique de ce genre de mesures poserait de nombreuses questions. La première est sans doute la possibilité de convaincre les gens de participer (et pas seulement les PDG). La deuxième concerne la définition des activités "qualifiées" contre les "non qualifiées", la mise en place de cette frontière (artificielle) engendrerait certainement de nombreuses luttes.

Mais bon, j'ai parlé d'utopie, pas de programme électoral du PS !